Peine réduite en appel pour sept décrocheurs de portraits d’Emmanuel Macron
Le procès en appel avait eu lieu en octobre dernier. Les militants écologistes y avaient assumé leur acte.
Une action illégale pour dénoncer les manquements du gouvernement français. Sept militants écologistes, qui avaient comparu en appel en octobre pour avoir décroché et emporté trois portraits officiels d’Emmanuel Macron en 2019, ont été condamnés jeudi 10 décembre à 500 euros d’amende avec sursis sans inscription au casier judiciaire. L’information a été confirmée au Figaro par leur avocat, Me Michaël Bendavid. Ils avaient mené leur action illégale dans le but de dénoncer «l’inaction climatique» du gouvernement malgré ses engagements ambitieux.
Le jugement en première instance le 16 octobre 2019 avait été plus dur, avec une amende ferme, pour «vol en réunion», et une inscription au casier judiciaire. Ils étaient huit mais sept d’entre eux, âgés de 24 à 37 ans, avaient fait appel. Le 22 octobre 2020, l’avocat général avait demandé la confirmation du premier jugement. À chaque fois, la défense avait plaidé la relaxe, en particulier sur le fondement d’un récent arrêt de la Cour de cassation sur la liberté d’expression.
Cécile Duflot entendue comme témoin pour soutenir les militants écologistes
Les 21 et 28 février 2019 à Paris, trois portraits présidentiels avaient été dérobés dans les mairies des IIIe, IVe et Ve arrondissements de la capitale, dans le cadre d’une campagne nationale «Décrochons Macron», menée par le mouvement Action non-violente COP21 (ANV-COP21). Comme pour les quelque 150 «réquisitions» symboliques revendiquées par le mouvement partout en France, ces actions s’étaient effectuées en quelques minutes, «à visage découvert» et «sans dégradation».
En octobre dernier à l’audience d’appel, les prévenus, dont six étaient présents, avaient reconnu les faits et défendu leur action. «C’est un autre moyen d’expression qu’on a mis en place et qui correspond à un monde dans lequel il y a eu un rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui dit que chaque jour compte», avait expliqué l’un des prévenus, Étienne, âgé de 26 ans. «Le pire c’est de faire semblant et c’est que ce fait Emmanuel Macron», avait estimé Cécile Marchand, qui comparaissait elle aussi. «La réalité des faits, au niveau national, c’est que la France ne respecte même pas les lois qu’elle s’est elle-même fixées».
Cités par la défense, trois témoins s’étaient exprimés à la barre : Jean-Pascal Van Ypersele, climatologue et ancien vice-président du GIEC, Agnès Catoire, membre de la Convention citoyenne pour le climat et Cécile Duflot, ex-ministre et directrice d’Oxfam France.
Des décisions judiciaires variables
Depuis le premier procès de «décrocheurs», en mai 2019 à Bourg-en-Bresse, des décisions disparates ont été rendues en fonction des juridictions.
La condamnation des militants à Paris en octobre 2019 était intervenue un mois après une relaxe à Lyon : le tribunal avait alors invoqué «l’état de nécessité», jugeant «légitime» l’action de désobéissance civile «face au défaut de respect par l’État d’objectifs pouvant être perçus comme minimaux dans un domaine vital». Cette décision lyonnaise a cependant été infirmée en appel le 14 janvier, avec une peine de 250 euros d’amende ferme pour deux militants. D’autres relaxes et condamnations ont été rendues dans divers tribunaux.