« Pendez les Blancs » : amende de 5 000 € avec sursis requise contre le rappeur Nick Conrad (ouest-france.fr)
Le rappeur Nick Conrad était jugé, ce mercredi 9 janvier, pour provocation directe au crime en raison de son clip « Pendez les Blancs » qui avait suscité une grande polémique. Le parquet de Paris a requis contre lui une amende de 5 000 € avec sursis.
Le parquet de Paris a requis, ce mercredi, une amende de 5 000 € avec sursis à l’encontre du rappeur Nick Conrad, jugé pour provocation directe au crime en raison d’un clip, « Pendez les Blancs », qui avait suscité un tollé cet automne.
Le rappeur, qui avait été propulsé hors de l’anonymat par cette polémique, « a outrepassé les limites autorisées de la liberté d’expression dans ce genre singulier qu’est le rap », a estimé le procureur devant la chambre de la presse du tribunal correctionnel.
Aux yeux du représentant de l’accusation, « il n’y a pas d’élément de distanciation, c’est l’ensemble de l’œuvre qui est violente ». « Il y a bien une charge violente à l’encontre d’une population, identifiable et stigmatisée, en l’occurrence les blancs », a-t-il insisté. Nick Conrad, qui a perdu son emploi de réceptionniste dans un palace, « a déjà dans une certaine mesure payé les conséquences », a toutefois estimé le procureur.En septembre 2018, la diffusion de son clip ultraviolent, « PLB » pour « Pendez les Blancs », avait enflammé les réseaux sociaux
D’abord très confidentiel, ce clip repéré par des personnes proches de l’extrême droite y voyant l’expression d’un « racisme anti-blancs » avait suscité de nombreuses condamnations au sein du gouvernement et dans la classe politique. Selon Nick Conrad – un pseudonyme – il s’agit d’une dénonciation du racisme à travers l’évocation « à l’envers » de l’esclavage, des lynchages subis par les Noirs, une Histoire dont il « souffre par répercussion ».
Le tribunal l’a plusieurs fois questionné sur le discernement du public devant un clip si réaliste. Comment être sûr que certains internautes n’y verraient pas « un appel à la violence » ? l’a interrogé le président, citant ensuite un passage de la chanson appelant à tuer « des bébés blancs ». « Je compte sur le fait que ce soit trop gros pour être vrai », a répondu le rappeur.
Ses avocats, David Apelbaum et Chloé Arnoux, ont plaidé la nullité de la procédure avant de demander sa relaxe, en citant notamment le cas d’Orelsan. Le rappeur normand, poursuivi pour provocation à la violence envers les femmes dans plusieurs chansons, avait finalement été relaxé en 2016. À l’issue des plaidoiries de la défense, le jugement a été mis en délibéré au 19 mars.